Nancy Une ville qui sait rester capitale éclairée

Naissance il y a mille ans

Peu après l'an mil, le centre inhabité d'une cuvette à la confluence des rivières Meurthe et Moselle descendues du massif montagneux des Vosges est le site choisi par les ducs de la Lotharingie héritée du partage de l'empire européen de Charlemagne, pour édifier leur capitale. Nancy la médiévale enserre le palais ducal, cerclée par la couronne des plateaux d'une vaste forêt (10 000 ha) qui continue aujourd'hui à lui faire écrin
                                                                                        Porte de la Craffe

Au coeur du débat européen Renaissant

Cinq siècles plus tard, la Lorraine s'est affirmée en Etat indépendant et la continuité de la lignée ducale est reconnue des dynasties princières européennes. Plus encore que la Renaissance, la mobilisation unitaire insufflée par la Contre Réforme catholique place Nancy dans les circulations européennes du Sud au Nord : de l'Italie aux Flandres, et d'Est en Ouest : de Vienne et Cracovie à Paris. La capitale, géopolitiquement et religieusement décisive, est à l'étroit dans la "Vieille Ville" ; à partir de 1600 et en vingt ans, le duc fait ériger une "Ville Neuve", accolée à la première et très fortifiée, avec pour promoteurs un nombre important de congrégations
en réseaux.

   Place Charles III
 

Dans les Lumières européennes

Dès l'aube du "siècle des Lumières", Nancy profite de son statut de capitale d'un Etat où convergent les esprits "éclairés" sur leurs périples européens de Paris à Vienne et Berlin. En effet son indépendance tolérante permet que de nombreux éditeurs
y impriment ce que censurent le Parlement de Paris et les Cours de Versailles et de Vienne, tout autant qu'être la terre d'accueil des Jésuites chassés de France. En 1736, Stanislas, roi détrôné de Pologne est devenu duc en substitution à la lignée de la Maison de Lorraine mariée désormais à celle impériale des Habsbourg, et ducs de Toscane à Florence. Il fait construire une troisième ensemble urbain liant les deux villes précédentes autour de trois places    symboliques : royale de France en l'honneur de son beau-père Louis XV, celle de la Carrière pour mettre en perspective l'hôtel de Ville avec l'hémicycle du palais du Gouvernement; et la place d'Alliance –de l'Empire avec la France- pour célébrer la  nouvelle garantie de paix européenne. En 1766 la réunion de la
Lorraine à la France met les faits sur place en accord avec l'engagement des aristocrates lorrains déjà installés à Paris.
Parmi eux un cercle d'amis liés par les idées ; ils vont jouer un rôle déterminant dans le soutien à l'Indépendance américaine, dans l'affirmation des Droits de 'Homme et de toutes les
émancipations, dans l'écriture des Constitutions américaine puis française par la Révolution.

Capitale vitrine à la frontière

Nancy devient ville frontière face à l'annexion e 1870 à 1918 de la Lorraine du Nord et de l'Alsace par l'Empire Allemand. Francophiles et démocrates, de très nombreux scientifi ques et artistes, industriels et hommes d'affaires, trouvent refuge à Nancy pour y affi rmer l'essor de la IIIème République. A la charnière du 19ème et du 20ème siècles, la capitale de la Lorraine concentre les développements des mines de fer, de charbon et de sel restées françaises, de la métallurgie (fonte de Pont-à-Mousson, aciéries voisines pour les poutrelles de la Tour Eiffel), de la chimie et de la soude (Solvay). Nancy est une ville "vitrine" ; en liant : arts, industries et intentions sociales, des créateurs (Gallé, Daum, Majorelle…) génèrent une esthétique nouvelle : l'Ecole de Nancy, rameau de l'Art Nouveau qui éclot aussi sur la transversale européenne de Vienne et Prague à Bruxelles et Paris. L'université de Nancy devient des plus complètes en rassemblant facultés, instituts et grandes écoles, de l'ingénierie et des sciences exactes aux sciences humaines et médicales. Le rayonnement est international : les avancées en psychiatrie et psychologie attirent Freud ; celles d'autres sciences justifi ent la présence des étudiants  envoyés par le Japon pour se oderniser ; une brillante exposition conjugue les savoirs faire aux ressources de l'empire colonial français.

 

La culture mondiale de l'avenir

Signal précurseur des mutations culturelles et sociales exigées, entre 1965 et 1980 le Festival Mondial de Théâtre, né de la vitalité universitaire à l'instigation de Jack Lang, a anticipé la chute des cloisonnements internationaux et européens Est-Ouest, et éclairé pour la première fois par un temps fort révélateur de la recherche créative et des expressions publiques, la nécessaire mise en échanges des interrogations des individus sur les finalités des sociétés. Dans la construction européenne et les ouvertures mondialisées, pour faire face aux reconversions des industries lourdes basées ur les gisements de matières premières, la Lorraine a du redéployer les savoirs faire en savoirs produire diversifiés et à fortes valeurs ajoutées. Aujourd'hui Nancy les capitalise, et avec Metz sa ville soeur (longtemps séparée par l'Histoire et à peine 60 kilomètres) a su construire les pôles d'excellence et de recherche, appuyés sur l'Université de Lorraine et en réseaux internationaux, pour le développement de fi lières performantes : des matériaux et de leurs transformations ; agroalimentaires ; numériques ; médicales…

Capitale de ressources humaines, de lieux de savoirs et de formation (45 000 étudiants) et de décisions économiques, mais aussi centre de santé, social, judiciaire et d'administration, Nancy est au coeur et constitue le tiers d'une agglomération de 300 000 habitants administrée en Métropole du Grand Nancy, et au sein des 430 000 liés en aire urbaine.